Certains appellent cela la dimension expressive, ou post-matérialiste du travail. Lorsqu’on cherche à comprendre quelles variables expliquent la plus ou moins grande importance qui lui est accordées dans un pays, on constate que le niveau de chômage est certes un facteur explicatif, mais que les facteur ‘culturels’ sont aussi très importants. Les pays anglo-saxons semblent, par exemple, avoir un rapport plus pragmatique, plus utilitariste au travail : celui-ci permet de subvenir à ses besoins, mais ne définit pas pour autant entièrement les personnes. En revanche, les pays latins – La France en particulier – sont davantage des sociétés de « statut », dans lesquelles le travail est un marqueur social extrêmement puissant. On y existe par le diplôme que l’on a obtenu, et le travail signale donc la position que l’on occupe dans la société. C’est sans doute là qu’il faut chercher l’explication de l’attachement des Français au travail y compris lorsqu’ils ne travaillent pas ! A la différence de l’Allemagne ou de la Grande-Bretagne, les étudiants, les retraités, les chômeurs sont chez nous aussi nombreux que les actifs en emploi à déclarer que le travail est très important. Mais les Français sont aussi les plus nombreux à déclarer qu’ils aimeraient que le travail occupe moins de place dans leur vie. Il faut donc veiller à bien séparer deux sujets : d’une part, celui du rapport au travail en général ; d’autre part, celui des conditions dans lesquelles il s’exerce. On peut être très attaché à son emploi, et critique de ses conditions de travail. C’est le cas de beaucoup de Français.